La Dutch Waste Management Association (DWMA), qui représente les intérêts du secteur des déchets aux Pays-Bas et en Europe vient de donner une fois de plus une illustration de l’incompatibilité entre réduction des déchets résiduels et "valorisation énergétique". Avec un nouvel objectif de recyclage de 83% et la surcapacité déjà chronique des incinérateurs hollandais, la DWMA reconnaît qu’il va falloir continuer à aller chercher des déchets ailleurs pour parvenir à rentabiliser les investissements à outrance qui ont été réalisés pour faire de la "valorisation énergétique" [1].

Qu’à cela ne tienne ! Il semblerait que le Royaume-Uni manque d’incinérateurs et doive réduire son taux de mise en décharge… Résultat, selon l’agence anglo-galloise de l’environnement, les exportations de déchets du Royaume-Uni seraient passées entre 2010 et 2011, de 67 000 tonnes à 290 000 tonnes ! 70% des tonnages seraient partis en direction du Pays-Bas, le reste allant en Lituanie, en Suède, en Allemagne et au Danemark. Rappelons que la politique de "valorisation énergétique" du Danemark est toujours citée en exemple par les partisans de l’incinération pour sa parfaite compatibilité avec un fort taux de recyclage grâce au calibrage fin de ses installations…

Continuant dans sa lancée, l’agence anglo-galloise de l’environnement a augmenté la quantité de déchets pouvant être exportés. Mais l’association commerciale anglaise agréée pour la gestion des déchets (Chartered Institution of Waste Management) demande à son gouvernement de prendre en considération non seulement les coûts de l’export mais aussi la valeur même des matières premières secondaires contenues dans ces déchets. Cerise sur le gâteau, le cabinet de conseil Eunomia vient de publier un rapport précisant que d’ici 2015, le Royaume-Uni pourrait avoir plus de capacités de traitement (incinération et stockage confondus) que de déchets à éliminer.

Les Pays-Bas ne comptent pas se laisser abattre par cette nouvelle donne, et envisagent déjà de se retourner vers les pays de l’Est pour leur proposer d’incinérer leurs déchets, pour le moment majoritairement enfouis.

Quand on vous dit qu’il faut "Faire du déchets une ressource" (pour reprendre le slogan publicitaire de Veolia)… on ne vous dit pas pour qui, où, et à quel prix !

Contact : Delphine Lévi Alvarès