Les biodéchets contenus dans les poubelles d’ordures ménagères résiduelles se caractérisent par une très forte teneur en eau, de l’ordre de 60 à 90 %. Les incinérer revient donc à... brûler de l’eau. Une dépense d’énergie est nécessaire et oblige à alimenter le four de l’incinérateur avec des déchets dont le pouvoir calorifique inférieur (PCI) est bien plus élevé pour permettre une combustion à température constante. Or les déchets à haut PCI sont la plupart du temps des déchets recyclables, par exemple les papiers, cartons et plastiques.
Les biodéchets ont un potentiel énergétique, mais qui ne peut être valorisé efficacement via l’incinération : ils doivent être traités séparément par méthanisation.
L’enfouissement des biodéchets est en outre à l’origine d’une grande partie des nuisances et pollutions issues des centres de stockage des ordures ménagères et assimilées (odeurs nauséabondes, émissions de gaz à effet de serre, pollutions des sols et des nappes phréatiques, etc).
Les biodéchets stockés dans les casiers libèrent plus ou moins rapidement l’eau qu’ils contiennent. Ces jus, auxquels se mêlent les eaux de pluie qui percolent depuis la surface des casiers sont appelés lixiviats. Ils concentrent les polluants et substances toxiques contenus dans les déchets mélangés, notamment les métaux lourds. Les lixiviats sont une menace pour les sols et la ressource en eau :
Certains centres de stockage ne sont pas équipés de membranes de protection au fond des casiers, les lixiviats pénètrent donc directement dans le sol et peuvent rejoindre une nappe phréatique, polluant ainsi la ressource en eau.
La membrane de protection disposée dans le fond des casiers peut limiter la pollution des sols par les lixiviats au début de la vie de la décharge mais pas sur le long terme. Il n’existe pas de matériau synthétique à durée de vie infinie. Aussi, même si une membrane est installée, la pollution est simplement déplacée dans le temps.
Le tassement des déchets provoque également la fermentation de biodéchets dans un milieu sans oxygène, créant ainsi des conditions favorables à l’émission de méthane dans l’atmosphère. Ce gaz a un pouvoir de réchauffement global 25 fois supérieur à celui du CO2. D’après le CITEPA (Centre inter-professionnel technique d’études de la pollution atmosphérique), environ 16 % des émissions de méthane en France proviennent des centres de stockage de déchets ménagers. Or il est aujourd’hui urgent de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Retirer les biodéchets des centres de stockage participera à limiter notre impact sur le changement climatique.
Il existe des systèmes de captage pour récupérer en partie le méthane émis par les décharges et éviter qu’il ne se disperse dans l’atmosphère. Si les quantités de méthane capté sont suffisantes, il peut être valorisé en électricité. Cependant, il s’agit d’un moyen curatif qui ne permettra pas de résoudre le problème. Il limite les impacts mais n’agit pas à la source. Il est donc plus durable d’opter pour des moyens préventifs, c’est-à-dire pour des outils permettant de ne plus enfouir de biodéchets. C’est d’ailleurs l’orientation qui est fixée par l’Union européenne.