Traduction française de "planned obsolescence", expression inventée en 1932 par Bernard London, l’auteur américain de "Ending the Depression through Planned Obsolescence".
C’est la stratégie visant à raccourcir délibérément la durée de vie ou d’utilisation d’un produit dans le but d’accélérer son renouvellement. L’obsolescence programmée peut prendre plusieurs formes. On la qualifie de technique ou technologique lorsque la "faille" programmée consiste à rendre le produit irréparable : faiblesse de l’une des pièces, produit indémontable, pièces détachées indisponibles, incompatibilité avec de nouveaux programmes. Lorsque la stratégie consiste à jouer sur l’effet de mode et l’attrait pour la nouveauté des consommateurs, on parle d’obsolescence psychologique ou esthétique. L’obsolescence programmée peut toucher tous les types de produits de consommation courante : les produits électriques et électroniques [1] mais aussi le textile, l’automobile, et même l’alimentation (par l’utilisation détournée du système des dates de péremption).
Dès les années 1920, les stratégies d’obsolescence programmée, associées à une publicité de plus en plus pressante, ont été utilisées pour écouler les stocks liés au développement de la production en série. Cette combinaison conçue par les industriels n’a cessé de se renforcer pour aboutir, aujourd’hui, à une société de consommation à outrance.
À l’instar du développement des produits à usage unique, les stratégies d’obsolescence programmée sont des pratiques fortement consommatrices de ressources et génératrices de déchets, pesant lourdement sur notre empreinte écologique.
L’usage unique et l’obsolescence programmée se rejoignent en un curieux mode de production visant à jeter plus vite pour acheter plus souvent. Paradoxal, mais lucratif dès lors que l’économie suit un modèle productiviste. Une piste d’avenir réside dans un changement radical de modèle économique déjà développé par les grandes marques de photocopieurs : l’utilisateur loue un service et la firme reste propriétaire de son appareil, ce qui rend caduque la logique d’obsolescence programmée et favorise l’écoconception et la maîtrise des filières.
Ne dites plus "mon téléphone portable date de l’année dernière, il m’en faut vraiment un nouveau" mais "les stratèges de l’obsolescence ont trouvé le moyen de me faire changer de portable tous les ans".
[1] Voir le rapport du Cniid et des Amis de la Terre paru en 2010 : L’obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage. Le cas des produits électriques et électroniques.