C’est le budget alloué par le Syctom de Paris pour “l’insertion architecturale et urbaine” (pour 85 millions d’euros) et pour des “travaux d’amélioration” (pour 60 millions d’euros) de l’usine d’incinération de Saint Ouen.
Le syndicat intercommunal de la région parisienne, le Syctom a prévu de faire subir un petit lifting à l’une de ses trois usines d’incinération, qui brûlent plus des trois quart (77%) des déchets parisiens.
Les 85 millions d’euros alloués pour l’insertion architecturale et urbaine ont pour objectif d’intégrer l’usine d’incinération avec le futur aménagement de l’éco-quartier des Docks. L’environnement industriel de l’installation va en effet devenir une zone résidentielle et d’activités.
L’objectif second de ces travaux est de limiter l’impact de la circulation actuelle des camions de collecte pour créer un dispositif de transbordement pour réceptionner des déchets par voie fluviale. A première vue, le bilan environnemental peut apparaître positif, mais lorsque l’on connaît les véritables conditions de transfert des déchets qui entraînent de nombreux envols de déchets qui finissent dans la Seine, cela rend perplexe.
Quant aux travaux d’amélioration du fonctionnement du centre pour 60 millions d’euros, ils vont être en grande partie investis dans la “requalification du système de traitement des fumées” pour une mise en service opérationnelle fin 2018. Ces travaux permettront notamment de rendre moins visible le panache de la cheminée…. un simple effet d’optique ! Un panache invisible ne veut pas dire en effet que les fumées sont exemptes de polluants, mais que le taux de vapeur d’eau y est très faible.
Au delà de ces investissements très lourds, l’incinération des déchets n’est pas aussi porteuse d’emplois que l’on croit. L’incinérateur de Saint Ouen ne génère que 124 emplois directs par le gestion des 630 00 tonnes de déchets réceptionnés.
A titre de comparaison, d’après l’Ordif, le recyclage génère 8 fois plus d’emplois et la réutilisation en génère 230 fois plus, pour un même tonnage considéré. Si l’on consacrait 145 millions au développement du réemploi, de la réutilisation, et du recyclage, cela serait bénéfique à la fois pour l’emploi et pour l’environnement.
En effet, la réutilisation permet d’éviter le traitement de ces déchets et la pollution associée, et le recyclage permet d’économiser jusqu’à 95% (pour certains matériaux) de l’énergie par rapport à une fabrication initiale, ce qui est très loin de la quantité d’énergie valorisée par l’incinération des déchets.
Contact :
Edouard Van Heeswyck