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Gaspillage alimentaire : une situation folle
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Un récent rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) révèle que les pertes et le gaspillage de nourriture à l’échelle mondiale s’élèvent à 1,3 milliards de tonnes par an, soit environ le tiers de la quantité totale de nourriture produite dans le monde.
Cette quantité correspond à une quantité plus élevée que ce qu’il serait nécessaire pour nourrir le milliard de personnes qui souffrent de la faim (1/7e de la population mondiale). Ce chiffre est ainsi inacceptable sur le plan de l’éthique, mais pas seulement : d’un point de vue économique et environnemental, il est tout aussi aberrant.

Pertes vs. Gaspillage

Bien sûr, la réallocation de ces quantités de nourriture perdues ou gaspillées en direction des populations souffrant de la faim n’est pas un mécanisme simple. D’après le rapport, les pertes dans les pays pauvres sont liées principalement à des problèmes logistiques et techniques structurels dans les phases de production et de distribution de la nourriture. Dans les pays à niveau de vite élevé au contraire, l’essentiel du gaspillage se situe au niveau du consommateur final.
La comparaison est d’ailleurs sans appel : la FAO estime que dans les pays d’Europe et d’Amérique du Nord, chaque habitant gaspille entre 95 et 115 kg de nourriture par an, contre 6 à 11 kg pour un habitant de l’Afrique sub-saharienne ou de l’Asie du sud-est.

Conséquences économiques et environnementales

Ce gaspillage alimentaire chez le consommateur final semble illogique car son impact économique, pour les ménages, n’est pas négligeable. Au Royaume-Uni, il coûte ainsi à chaque foyer 420 euros par an.
De manière moins visible, le coût environnemental de ce gaspillage est encore plus important. La production de nourriture constitue l’une des principales sources d’émission de gaz à effet de serre, et implique une consommation d’eau très importante. Chaque kg de nourriture gaspillée (et particulièrement la viande) représente donc une vaine utilisation de ressources que l’on sait pourtant limitées. Quelques exemples frappants : une baguette de pain gaspillée équivaut à la perte d’une baignoire de 300 litres d’eau [1], le gaspillage d’un steak de bœuf fait perdre en énergie autant que ce que consomment quatre tournées de lave-vaisselle [2].

Qu’en est-il en France ?

Le gaspillage alimentaire n’a pas encore fait, en France, l’objet d’une étude spécifique comme celle menée par le WRAP [3] au Royaume-Uni, qui a mis en évidence des chiffres très élevés (25 % de la nourriture achetée est gaspillée).
Deux indicateurs sont disponibles cependant, qui donnent une idée de l’ampleur du problème : l’Ademe a observé [4] qu’un Français jetait chaque année 7 kg de produits alimentaires encore emballés, et estime à 20 kg la quantité de nourriture gaspillée par an et par habitant.

Des mesures simples pour réduire le gaspillage alimentaire, à l’échelle collective…

En complément de campagnes de sensibilisation au gaspillage alimentaire une meilleure information sur la signification des dates de péremption semble nécessaire.
En France, la DLC – date limite de consommation - donne une indication indispensable sur la comestibilité des produits sensibles. La DLUO – date limite de consommation optimale (« à consommer de préférence avant le ») quant à elle ne signifie pas que le produit ne sera plus comestible après la date indiquée, mais simplement qu’il pourra avoir perdu certaines de ses qualités gustatives ou nutritionnelles. Autrement dit, il n’est pas indispensable de jeter le produit dont la DLUO est dépassée.
L’étude menée au Royaume-Uni a identifié la mauvaise compréhension de ces dates comme l’une des principales causes du gaspillage alimentaire, au point que le gouvernement y envisage de supprimer purement et simplement la date de consommation optimale.

Il est souhaitable que cette mesure soit appliquée aussi en France, de même que de nouvelles pratiques commerciales testées également outre-manche. Les promotions de type « pour un produit acheté, un produit offert » destinées à écouler les stocks sont en effet à l’origine d’un gaspillage considérable et peuvent par exemple être remplacées par des promotions différées dans le temps : « pour un produit acheté aujourd’hui, un produit offert la prochaine fois ».

Cet article est extrait du Cniid-infos n°40 (Juillet-Octobre 2011), un bulletin financé par les adhérents du Cniid et dont ils ont la primeur. Si vous voulez soutenir cette information, adhérez !


[1Puisque 1000 litres d’eau sont nécessaires à la production d’un kg de blé. Exemple tiré du dossier thématique de France Nature Environnement sur le gaspillage alimentaire, mars 2010.

[2Calculs de l’Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement, cités dans le dossier de FNE.

[3Waste and Resources Action Programme

[4Au travers de son étude générale de caractérisation des ordures ménagères, le MODECOM (dernière édition – juin 2009 sur la campagne de caractérisation de 2007)

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