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Les bioplastiques : une fausse bonne idée ?
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Le 5 avril 2012,

Ce n’est une surprise pour personne, les plastiques ont envahi notre quotidien et couvrent même une partie du globe. On peut aujourd’hui apprécier la variété de leurs natures (sacs, bouteilles, emballages en tous genres, etc.) ainsi que la diversité des endroits où nous pouvons les retrouver (plages, arbres, rues, estomacs d’oiseaux et de poissons, etc.). Les possibilités sont illimitées !

Depuis quelques années, sans questionner notre mode consommation intimement lié au plastique, on nous propose de passer au bioplastique. Mais, derrière cette proposition "écologique" tentante, quelles sont les questions que nous devons nous poser à leur sujet ?

Tout d’abord le préfixe "bio" nous laisse entrevoir une origine naturelle et donc vertueuse, mais qu’en est-il ? En effet, ils sont composés d’une part de matières végétales, mais ensuite ? Comme pour fabriquer tout plastique, il faut passer par l’étape de la polymérisation : celle-ci est tout sauf naturelle. C’est un procédé industriel généré par l’Homme qui peut très bien donner vie à un matériau très toxique à partir d’un simple épi de maïs bio !

Par ailleurs, on a tendance à croire que les bioplastiques sont biodégradables mais ce n’est pas du tout aussi évident que cela. Ce n’est pas parce qu’ils sont composés en partie de matières issues de la terre qu’ils vont y retourner naturellement. Pour cela, il faudra expressément réaliser un procédé spécifique (complexe et coûteux), ce qui n’est donc pas systématique dans la fabrication de bioplastiques. Ils ne sont pas non plus forcément recyclables et il est même plus compliqué de gérer le recyclage des plastiques habituels lorsqu’ils sont mélangés avec des bioplastiques.

On pourrait également s’attendre naïvement à ce que les terrifiants phtalates et bisphénol A soient exclus de la conception des bioplastiques. Mais non, ils peuvent s’y retrouver tout comme dans les plastiques courants. Pour rappel, ces matériaux sont des perturbateurs endocriniens reconnus. Ils sont liés à de nombreux cas de diabète, d’obésité et même de cancers.

Cependant, il est important de noter que les bioplastiques peuvent être une réponse pertinente dans certains cas :

  • s’ils ne sont pas réalisés à partir de dérivés alimentaires ou génétiquement modifiés
  • s’ils sont vraiment compostables et biodégradables
  • s’ils sont exempts de composés chimiques toxiques
  • s’ils sont fabriqués dans une démarche d’éco-conception globale
  • s’ils peuvent être recyclables du « berceau au berceau » (c’est-à-dire que les matières servant à fabriquer le plastique peuvent être recyclées pour de nouveau rentrer dans le cycle de fabrication du produit)

Enfin, il convient de garder à l’esprit le fait que notre société du jetable n’a pas d’avenir sans fin car cela nécessite en amont beaucoup de ressources et en aval une gestion des déchets très complexe. Ainsi, qu’ils soient bio ou non, les plastiques demeurent pour une large part une solution de confort qui doit rester limitée.


Article inspiré du travail de Daniella Dimitrova Russo dans le cadre de la "Plastic Pollution Coalition".

Contact : Laura Caniot

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