Sur cet archipel français de 6000 âmes, séparé par autant de kilomètres de Paris, l’application de la réglementation sur les déchets semble aussi lointaine que la métropole. Depuis plusieurs années, les particuliers et associations interpellent en vain les responsables locaux pour qu’ils stoppent la catastrophe environnementale et sanitaire qu’entraîne la gestion des déchets dans cette collectivité d’outre-mer.
A St Pierre et Miquelon, depuis les années 70, la coutume veut que les déchets en mélange, sans aucune distinction de dangerosité, soient déversés dans une décharge illégale - sans aucune mesure de protection de l’eau, des sols et de l’air - en bord de mer.
Suite aux plaintes des habitants, les autorités de l’île ont pris des mesures… et décidé de brûler les déchets à même le sol et à l’air libre sur ce même site illégal côtier... une pratique qu’ils avaient stoppée depuis le début des années 90 ! Faut-il rappeler qu’en matière de législation sur le traitement des déchets et les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), l’archipel de St Pierre et Miquelon est soumis aux mêmes règles que celles qui s’appliquent en France métropolitaine ?
Si elle a été suspendue suite à la plainte d’un habitant, l’incinération des déchets en mélange a repris de plus belle ces dernières semaines, exposant la population et son environnement à des émissions toxiques. Mais si l’alternative consiste à déverser les déchets solides et liquides en bord de mer, avec des conséquences désastreuses sur la faune et la flore marine et de fréquents incendies avec dégagements de fumées toxiques, la solution ne vaut pas mieux que le mal combattu.
Face à l’immobilisme des pouvoirs publics, des habitants ont créé depuis quelques mois l’association AIRPURSPM pour dénoncer ces pratiques hors-la-loi et proposer une vraie politique de gestion des déchets basée sur la réduction à la source des déchets, le compostage et le tri. Le Cniid les soutient dans cette initiative et enjoint les pouvoirs publics en métropole à prendre leurs responsabilités pour mettre fin à cette situation inadmissible et ces pratiques d’un autre temps.
Contact : Delphine Lévi Alvarès, Chargée de campagne "Incinération et stockage des déchets"