L’agence métropolitaine des déchets ménagers de l’agglomération parisienne (Syctom), prévoit de reconstruire le centre multifilière de Romainville (93). Il s’agit du plus grand projet européen de tri mécano-biologique (TMB) adossé à un centre de méthanisation : d’une capacité de 322 500 tonnes de déchets ménagers par an, le centre devrait traiter les déchets de 900 000 ménages. L’opération a été attribuée à l’entreprise espagnole Urbaser, pour un budget de 240 000 millions d’euros.
L’objectif d’une telle installation est de « valoriser » la fraction fermentescible des ordures ménagères en biogaz (électricité, chaleur et gaz) et en compost destiné à l’agriculture. Mais sans collecte sélective en amont et avec une implantation en zone urbaine dense, le projet de Romainville est loin de faire l’unanimité.
Une association de riverains de la future installation s’est élevée en réaction au projet. Composée d’habitants et de PME de Romainville, Bobigny, Noisy-le-Sec et Pantin, l’Arivem s’appuie sur une étude du bureau d’études Horizons et pointe les risques et nuisances potentiels d’une telle usine : incendie, explosion et odeurs mais aussi production d’un compost non conforme à la norme NFU 44-051, nécessaire pour une utilisation agricole. Si le compost ne trouve pas de débouchés, il finira en décharge et occasionnera de ce fait un surcoût pour la collectivité. L’association dénonce également les précédents rencontrés sur d’autres usines de méthanisation, en particulier les nuisances olfactives à Varennes-Jarcy (exploitation par Urbaser), les incendies à Montpellier et des explosions en Espagne et en Allemagne. Tant que la construction n’a pas débuté, l’Arivem demande un arrêt du projet.
Face à la montée des inquiétudes, la Communauté d’agglomération Est Ensemble a organisé avec le Syctom une réunion publique à Romainville le 1er février dernier. Pas moins de 600 personnes se sont déplacées pour participer à la rencontre, où le président du Syctom, François Dagnaud a présenté une position équivoque sur le TMB : « Je ne suis pas un forcené du TMB. Mais la seule alternative est la collecte séparative. Or ce n’est pas une compétence du Syctom, mais des communes. [...] Toutefois, le principe de réversibilité s’appliquera à Romainvile. Lorsque la collecte séparative sera possible, l’usine fera moins de TMB ».
François Dagnaud a par ailleurs pris plusieurs engagements suite à cette réunion, dont notamment un moratoire de 6 mois pour le début des travaux, la saisine de la Commission Nationale du Débat Public et la réalisation d’un audit sur la maîtrise des risques et des nuisances liés à l’installation.
L’Arivem ne semble toutefois pas convaincue par ces propositions : elle organise à son tour une réunion publique le 14 mars prochain où le Cniid sera présent, et lance une action en justice à l’encontre de l’autorisation d’exploiter de l’usine.